❝ gabriel&hell ❞

« Hell, t'étais où hier soir ? Je t'ai cherchée partout! » Je me mordis la lèvre inférieure, tant dis qu'Ezio gardait ses bras croisés, son visage toujours figée dans cette expression vaguement en colère, mais l'inquiétude dominait. À se demander si j'avais vraiment vingt-cinq ans! Il suffisait que je disparaisse une nuit, une simple nuit, et mon aîné s'inquiétait comme si j'avais encore la quinzaine. Et cela m'énervait profondément. En même temps, c'est vrai qu'il n'était pas au courant de ma lycanthropie, de ma capacité à me transformer en loup-garou lors des nuits de pleine lune. C'était de ma faute, mais je n'avais pas envie qu'il me rejète ou un truc du genre... Bon, c'était mon frère, c'est pas comme s'il allait m'abandonner du jour au lendemain, mais on ne savait jamais, non ? « Je... » Lui avouer ou pas ? Il me regarda, m'invitant du regard à continuer. « ...suis désolée. Ouais, j'suis désolée. » Merde. N'arriverai-je donc jamais à lui avouer ? Pourtant j'avais très bien réussi à en parler à Gabriel - bon d'accord, j'avais eu un peu de mal aussi - mais c'était pas vraiment pareil. En parler à son grand frère et à son âme-sœur, c'est si différent que cela ?

Lorsque j'ouvris l'œil, il devait être dans les environs de deux heures de l'après midi. Comment je le savais ? Il suffisait de regarder la hauteur du soleil. Je m'assis dans mon lit, m'étirai. La question "comment annoncer à Ezio que je sois un loup-garou" m'avait travaillé toute la nuit, et j'avais fini par m'endormir assez tard. Je passai une main dans mes cheveux en me levant. Quelques coups furent toqués contre la porte d'entrée, et je filai ouvrir. Ce fut seulement lorsque je fus face à Gabriel que je me souvins que j'étais en tee-shirt/boxer, mais qu'importe. Je restai là, l'expression figée dans un petit sourire, comme une conne. Et comme à chaque fois que je le voyais, mon cœur s'accéléra légèrement, et tous les sentiments que j'avais pour lui refirent surface. L'amour, tout simplement. J'étais folle amoureuse de lui, et ça me faisait flipper. « Hey. » Dis-je, simplement. C'est tout ? Je restai plantée là, à admirer l'homme que j'aimais.

Devais-je ou ne devais-je pas? Tel était la grande question existencielle qui me pourchassait depuis maintenant plusieurs semaines. Tournant sur moi-même, j'exécutais de nouveau trois pas avant de faire demi tour. Vous avez deviné, je faisais les cent pas, encore et toujours. C'était pratiquement un tic chez moi, je ne savais pas tenir assis. Je marmonnais des phrases incompréhensibles dans ma barbe tandis que Chris suivait des yeux mes aller et venus dans un calme et un silence presque religieux. Je me tournais vers lui et m'exclamais sans pour autant m'arrêter : « T'en a pas marre de me regarder comme ça? Et en plus qu'est-ce que tu fou là? » Avais-je oublié de préciser à quel point j'étais courtois et poli dans mes moments de crise existencielle? Cependant, le brun était bien trop habitué à mon comportement pour s'en offusquer, sachant pertinemment que ce n'était pas réellement lui que j'attaquais ainsi. Il but tranquillement une gorgée de son café puis dis d'un ton neutre : « Je suis ici parce que c'est chez moi, Gabriel. » Vu sous cet angle, ceci expliqué cela... Enfin, vu sous cet angle, j'étais surtout un sacré crétin! Soupirant, j'attrapais, reconnaissant la bière qu'il me tendis et en bu une gorgée tandis qu'il poursuivait : « Quant à ce qui te tracasse, tu devrais cracher le morceau, cela t'éviterais une bonne migraine et... aussi d'user mon parquet. » Je m'arrêtais pour le regarder comme si je venais de m'apercevoir de sa présence. Arquant un sourcil, je me dirigeais vers la porte d'entrée en disant par dessus mon épaule : « Je ne savais pas que tu avais le sens de l'humour... Mais t'as pas tort! A plus tard! » Et je sortis sans attendre de réponse. Enfilant ma veste, que j'avais attrapé au passage sur le porte-manteaux, je pris la direction de l'appartement d'Hell.

Car c'était bien à elle que je devais parlé. J'en avais par dessus la tête de devoir cacher mon amour pour elle et notre relation aux yeux de tous - quoi que j'avais des doutes quant au fait que Mr "arrête d'user mon parquet" ne l'ai pas deviné... Bref, ce que je voulais ce n'était pas annoncé un mariage en grande pompe avec la liste de nos futurs enfants, non, c'était simplement pouvoir aller manger au resto avec ma copine et avoir le droit de l'embrasser quand cela m'en chanté! Ne pas être obligé de vérifier que nous étions seuls constamment. Certes, c'était le genre de relation "top secrète" plutôt excitante au début, mais après plusieurs mois, l'apparition de véritables sentiments et l'envie de voir celle-ci devenir une relation sérieuse - et venant de moi une telle idée, ce n'était pas rien! - je commençais à me demander si je n'étais pas en train de passer pour un pigeon. Arrivant à destination, je montais les escaliers menant à son appartement quatre à quatre et m'arrêtais devant la porte. Prenant une grande inspiration, je frappais deux coups sur celle-ci et attendis.

Lorsqu'elle vint m'ouvrir, je ne m'attendais pas vraiment à la découvrir dans une telle tenue. Je refermais la bouche que j'avais ouverte pour parler et la détailler des pieds à la tête. Sexy. Horriblement... Sexy! Bon sang Gab', reprends-toi, t'es pas venu pour ça, rappel toi... Bof, quoi que... Elle me ramena à la réalité en parlant. « Hey. » J'eu une moue ironique et demandais : « Je dérange peut-être, tu attendais quelqu'un ou... Tu ouvres la porte a tout le monde en sous-vêtements? Parce que dans ce cas là, tu dois jamais payer tes pizzas... » Alors ça c'est de l'humour! Bon dieu Gab'! En ayant assez de faire l'idiot sur le pas de la porte, je me permis d'entrer - aussi histoire d'éviter que le vieux voisin d'à côté ne tente de venir matter! Attendant qu'elle referme derrière moi, je tentais de rassembler mes idées en promenant négligemment mon regard sur la pièce - pas de mec en sous-vêtements planqué dans le salon, c'est déjà ça, manque plus qu'à vérifier la salle de bain et la chambre! Concentre toi mon vieux et vas-y parle. Relevant mon regard vers elle, je pris un air sérieux et déterminé. Ouvris la bouche et... et rien. Aucun son ne sortis, je restais muet, la bouche ouverte ressemblant vaguement à un poisson hors de l'eau...

❝ gabriel&hell ❞

« Je dérange peut-être, tu attendais quelqu'un ou... Tu ouvres la porte a tout le monde en sous-vêtements? Parce que dans ce cas là, tu dois jamais payer tes pizzas... » Je levai les yeux au ciel, léger sourire sur les lèvres, tant dis qu'il entrait. J'avais eu une sorte de pressentiment. Et de toutes façons, qui à part lui ou Ezio pouvait bien venir me voir ? En général, c'était plus moi qui avait voir les gens, alors bon... « Tu ne déranges pas. Et non, je n'ouvres pas la porte ainsi vêtue à tout le monde... En général, quand les gens viennent, je viens pas de me réveiller... » Dis-je tout en fermant la porte. J'avais totalement zappé que j'étais très... Peu habillée, on va dire. Je continuai de sourire, comme une conne. À chaque fois qu'il était là, je ne pouvais m'empêcher de sourire, je ne sais pas trop pourquoi. « Et je paie mes pizzas comme tout le monde. » Eh oui, je suis une personne honnête, moi... Je n'use pas de mes atouts. Sauf quand la situation l'exige, parce que là... Différent, effectivement. Il observa la pièce un instant. Qu'est ce qu'il cherchait ? Un mec à moitié à poil cherchant un endroit où se planquer ? Non, pas mon genre. Du tout. J'étais à lui, enfin... Ça me faisait flipper, d'être aussi amoureuse que ça. Si bien que... Officiellement, on était pas ensemble. Juste... Célibataires. Et je sentais que ça l'agaçait. Il releva le regard vers moi, mais resta silencieux.

Je restai immobile un instant. Qu'est ce qu'il voulait me dire ? S'il avait quelque chose à me raconter, qu'il le fasse maintenant, parce que moi j'avais une nouvelle plus... Troublante, si on peut dire ça comme ça, à lui annoncer. C'était bizarre et je ne savais pas comment réagir, puisque je ne savais pas comment lui allait réagir. Ou devais-je attendre encore un peu ? Enfin, cette nouvelle n'était troublante que de mon point de vue, c'est clair. Je passai ma main dans mes cheveux, attendant qu'il prenne la parole. « Alors ? Qu'est ce que tu voulais me dire ? » J'avais toujours été du genre impatiente, mais là... J'allai m'asseoir sur le canapé, l'invitant d'un signe à s'installer aussi.

Je refermais la bouche au bout d'un certain temps. Bon d'accord, reprenons depuis le début! Je suis venu ici pour? Lui parler. Parce que? Ca m'énerve, je passe mon temps à faire les cent pas, j'ai un mal de chien à dormir tellement je réfléchis et je réfléchis tellement que je ne sais même plus à quoi je réfléchis ni ce que je fais! La preuve, je ne me rappelais même pas à quel moment j'avais quitté ma maison pour me rendre chez Chris alors à savoir exactement le pourquoi du comment, quant à ma bonne santé mentale, merci, on repassera! Elle me tira cependant de mes pensées, une nouvelle fois. « Alors ? Qu'est ce que tu voulais me dire ? » Euh, si je te réponds, "tu ne veux pas savoir", ça donnerai quoi à votre avis? Je la suivis du regard lorsqu'elle alla s'asseoir sur le canapé, mais refusais son invitation à l'y rejoindre. Ayant déjà du mal à me retenir de recommencer mon petit manège d'un peu plus tôt, je ne me voyais pas m'asseoir, là tout de suite, maintenant. Mais ce fut également à cet instant que les mots dépassèrent ma pensée sans que je n'arrive à les arrêter. « Si je m'assois, tu n'auras pas peur que l'on nous voit ensemble, non, c'est trop risqué! Restons prudent, je vais rester debout! » J'eus un sourire ironique et la pensée la plus stupide qui me traversa l'esprit fut que je n'avais jamais du dire au tant de fois dans une même phrase le mot "rester". Attendant sa réaction, je me contentai de la fixer avant de décider que j'en avais assez et de nouveau me remettre à faire les cent pas de long en large dans le petit salon. Bon... bon... bon...

Finalement, je fis volte face et m'approchai du canapé ou elle se trouvait. Evitant de justesse le coin de la table base - le genre de truc que j'ai horriblement tendance à me manger et à bien déguster après - je m'agenouillais devant elle... pour me mettre à sa hauteur! Woo! Ne nous emballons pas, je ne vais pas la demander en mariage... J'ai pas ramené la bague! Quoi?! Oui, j'ai une bague de fiançailles dans mes tiroirs à chaussettes et alors? Hum, reprenons. Attrapant ses mains entre les miennes, je rivais mon regard vert au sien en espérant qu'elle me comprendrait et que je n'allais pas déclencher la dispute du siècle! Quoi que pour le moment, le seul idiot énervé de la pièce, c'était moi! « Ecoutes Hell', je... Je ne sais pas comment te dire cela en réalité, mais tu dois comprendre que si je m'énerve à cause de tout celà... C'est pour nous! Moi aussi, j'ai peur! J'ai peur constamment même si tu veux tout savoir mais nous deux... J'y croix. » Légèrement gêné, je détournais le regard vers nos mains, attendant qu'elle ne réponde. J'avais un peu - beaucoup - peur tout d'un coup. Allait-elle me repousser? Allait-elle me dire que si il en était ainsi, alors tout était fini? Si ça se trouve, je venais de commettre la plus belle erreur de toute ma vie en seulement une phrase... voilà pourquoi, il faudrait un jour que j'apprenne à me taire ou au moins, à tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler...

❝ gabriel&hell ❞

« Si je m'assois, tu n'auras pas peur que l'on nous voit ensemble, non, c'est trop risqué! Restons prudent, je vais rester debout! » Je soupirai. Il eu un nouveau sourire ironique, apparemment, c'était le jour... Bravo la compréhension... Je ne répondis rien, sinon ça allait partir en engueulade. Je baissai le regard sur ma table basse, histoire de rester calme. Je croisai les bras, attendant qu'il me sorte une autre réplique. Serai-t-elle du genre que celle là ? Je n'en savais trop rien. Mais si c'était le cas, je ne tiendrai plus, j'allai m'énerver. Mon regard resta fixé sur la table. Il finit par s'agenouiller devant moi, se mettre à ma hauteur. Et, automatiquement, mes yeux se posèrent sur lui. Il prit mes mains dans les siennes, me regarda droit dans les yeux. « Écoutes Hell', je... Je ne sais pas comment te dire cela en réalité, mais tu dois comprendre que si je m'énerve à cause de tout cela... C'est pour nous! Moi aussi, j'ai peur! J'ai peur constamment même si tu veux tout savoir mais nous deux... J'y crois. » J'inspirai profondément, tant dis qu'il baissai le regard sur nos mains. J'avais peur de souffrir, c'est tout. C'était égoïste, je sais, mais je ne tenais à mettre mon cœur à l'épreuve. « Écoutes... Faut que je te parles d'un truc, c'est... Très important. »

Je m'arrêtai un instant. Je restai immobile, fixant ses yeux qui regardaient nos mains. « Mais avant... Je pense que... Qu'on a plus besoin de se cacher, non ? Je vois bien que ça t'énerves au plus haut point, et que bon, maintenant... » C'est pas comme si il allait dire non, hein. Mais, en revanche... Avec la nouvelle qui va suivre, je n'étais pas sûre. Je n'étais plus sûre de rien, ces derniers temps. Juste de mes sentiments pour lui.